Papéis de Alexandria*: Willy Ronis

16-07-2009
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Biografia deWilly RonisPar Eric Janvier15.11.2003" Willy Ronis, à la recherche du temps disparu... "" Que plus tard, quand sa mort me permit de fuir la boutique, ce mariage de raison devint un mariage d'amour, cela n'efface pas qu'aucune vocation ne fut à l'origine de ce à quoi je devais consacrer mon existence".Cette confession de Willy Ronis, apprenant, de retour du service militaire, la terrible maladie qui venait de frapper son père montre bien que rien ne le prédestinait à ce qui allait devenir la passion de toute une vie. À l'instar d'Ansel Adams, ce magicien du noir et blanc se destinait en fait à une carrière de compositeur.Ce penchant pour la musique lui venait de sa mère, son père, réfugié juif d'Odessa, passant le plus clair de son temps dans l'atelier photo qu'il avait monté dans le 11ème arrondissement et où il travaillait dur pour nourrir les siens.Le petit Willy se vit offrir pour ses 15 ans son premier appareil, un folding Kodak : il prit bien quelques clichés de Paris, mais ne ressentit aucun frémissement pour la photographie. Même si un Contax, prêté par un riche parent de l'un de ses amis, lui permit d'apprécier les capacités de ce boîtier à restituer des ambiances nocturnes.Malgré la reprise contrainte de l'affaire familiale, dès le rideau baissé, il arpentait les pavés parisiens pour saisir le quotidien. Il se rendit à des expositions internationales dans la capitale et put admirer les œuvres d'Adams ou de Stieglitz. Petit à petit, les contours de son avenir se dessinaient : il allait témoigner par l'image de sa vision poétique de la société et de sa solidarité envers la classe ouvrière.A la mort de son père en 1936, il décida de privilégier ses recherches personnelles aux travaux de commande. Il acheta alors un Rolleiflex et partit "sur le terrain" : Les secousses politiques provoquées par le Front Populaire donnèrent à Ronis, alors membre du Parti Communiste, l'occasion de rendre compte des manifestations, meetings et grèves qui paralysaient le pays, mais aussi de moments plus joyeux, comme les bals populaires, les fêtes foraines ou les escapades à vélo des premiers congés payés.Le 14 juillet, le peuple était dans la rue, Ronis aussi, côtoyant ses amis Robert Capa, David Seymour et Henri Cartier-Bresson. Plusieurs agences virent alors le jour, dont Rapho, fondée par Charles Rado avec en son sein Ergy Landau et Brassaï, bientôt rejoints par Robert Doisneau et notre ami Willy en 1946, alors qu'il était déjà membre du groupe [Palermo,1994] desXV. "Regards", l'hebdomadaire communiste de l'époque l'envoya photographier en 1938 les ouvriers en grève de l'usine Citroën-Javel. L'un des clichés qu'il rapporta de ce reportage ne fut tirée que 40 ans plus tard, la sous-exposition du négatif ne pouvant être corrigée avec les techniques de l'époque.On sent, au-delà du souci de transcrire le réel, un regard poétique et humaniste sur les êtres : foules bigarrées des marchés ou rondes d'enfants dans une cour de récréation. Willy Ronis continua ses pérégrinations, tant dans l'Hexagone qu'à l'étranger (Grèce, Italie, Yougoslavie, Albanie, Tunisie…), que ce soit pour des magazines ou dans un but touristique, parfois même les deux.Quand la seconde guerre mondiale éclata, il se réfugia en zone libre et dirigea une troupe de théâtre ambulante, fut aide-décorateur pour le cinéma, assistant-portraitiste en studio, enseignant polyvalent dans une école de formation textile… Paris libéré, il reprit ses activités de photo journaliste et couvrit pour la SNCF le retour des prisonniers de guerre. Il travailla également pour l'industrie, la publicité, la mode, tout en continuant à déclencher au hasard des ses rencontres dans les rues de la capitale : Saint-Germain-des-Prés, Belleville, Ménilmontant, les cafés de Montmartre, les guinguettes, Ronis nous les restitue avec leur charme d'antan.En 1950, il participe au congrès de la Paix à Varsovie et au Festival de Cannes de 1952. C'est qu'il aimait élargir sa vision du monde : "J'ai la passion de ramener de ma chasse aux images quelque chose qui me comble". Il commença à donner des cours de photographie dans des établissements aussi prestigieux que l'IDHEC, Estienne ou Vaugirard.Dans les années 60, Willy ressent le besoin de mener une vie différente et il décide avec sa femme Marie Anne d'acquérir une maison de campagne en Provence. En 1972, il quitte donc Paris pour le Midi, plus précisément dans le Vaucluse et continue à enseigner à Avignon,[greve de operárioscarpinteiros,1950]Aix-en-Provence et Marseille.Se sentant fatigué ces dernières années ("J'ai sous les doigts 70 ans de déclics"), et ne pouvant plus se déplacer avec autant d'agilité, son activité se concentre désormais essentiellement sur la préparation de conférences, sur la photographie de portraits et de nus, un aspect moins connu de son talent, mais tout aussi révélateur de son regard doux et réservé sur les femmes.Souvenons-nous du "Nu couché", de la "Villa Medicis" et surtout d'une photo qui allait faire le tour du monde le "Nu provençal", qui représentait son épouse Marie -Anne 3 ans après leur mariage et qui mourut dans la douleur en 1991.Ronis répond actuellement avec infiniment de gentillesse aux nombreuses sollicitations qui lui sont faites, prépare de nouvelles expositions internationales, mais sûr qu'il continue à user de la patience du chat dès que l'insolite interpelle son regard, afin que les instants éphémères se muent en éternité…En 2001, il parraina les Transphotographiques (2) de Lille et participa à l'opération "Pour la liberté de la Presse" organisée par Reporters sans Frontières : pas moins de 80 photos commentées par l'auteur. Le travail de Willy Ronis est imprégné de Bruegel et des peintres flamands du XVIIème, dont il contemplait adolescent les toiles au musée du Louvre. N'a t'il pas déclaré un jour : "Ce ne sont pas les photographes qui m'ont apporté ma nourriture essentielle, ce sont les peintres. Il y a aussi l'architecture, romane surtout, parce que sa rigueur et sa clarté me conviennent".Ce serait sans compter avec l'harmonie de ses compositions, qui reflètent ses premiers émois pour la musique.Points de repere1937 : Premier reportage pour "Plaisir de France" 1947 : Prix Kodak 1953 : Exposition au musée d'Art moderne de New York 1957 : Médaille d'or à la Biennale de Venise 1979 : Grand prix national des Arts et des Lettres pour la Photographie 1980 : Invité d'honneur aux Rencontres Internationales d'Arles 1981 : Prix Nadar pour "Le fil du hasard" 1983 : Donation de ses archives à l'État, avec effet post-mortem 1985 : Rétrospective officielle au Palais de Tokyo, Nommé Commandeur dans l'ordre des Arts et des Lettres 1989 : Nommé Chevalier de la Légion d'Honneur 1993 : Nommé Membre de la Royal Photographic Society of Great Britain 1998 : Docteur Honoris Causa de l'Université de Warwick2001 : Nommé commandeur de l'Ordre national du Mérite. Os amorosos da Bastilha, 1957


Biografia deWilly RonisPar Eric Janvier15.11.2003" Willy Ronis, à la recherche du temps disparu... "" Que plus tard, quand sa mort me permit de fuir la boutique, ce mariage de raison devint un mariage d'amour, cela n'efface pas qu'aucune vocation ne fut à l'origine de ce à quoi je devais consacrer mon existence".Cette confession de Willy Ronis, apprenant, de retour du service militaire, la terrible maladie qui venait de frapper son père montre bien que rien ne le prédestinait à ce qui allait devenir la passion de toute une vie. À l'instar d'Ansel Adams, ce magicien du noir et blanc se destinait en fait à une carrière de compositeur.Ce penchant pour la musique lui venait de sa mère, son père, réfugié juif d'Odessa, passant le plus clair de son temps dans l'atelier photo qu'il avait monté dans le 11ème arrondissement et où il travaillait dur pour nourrir les siens.Le petit Willy se vit offrir pour ses 15 ans son premier appareil, un folding Kodak : il prit bien quelques clichés de Paris, mais ne ressentit aucun frémissement pour la photographie. Même si un Contax, prêté par un riche parent de l'un de ses amis, lui permit d'apprécier les capacités de ce boîtier à restituer des ambiances nocturnes.Malgré la reprise contrainte de l'affaire familiale, dès le rideau baissé, il arpentait les pavés parisiens pour saisir le quotidien. Il se rendit à des expositions internationales dans la capitale et put admirer les œuvres d'Adams ou de Stieglitz. Petit à petit, les contours de son avenir se dessinaient : il allait témoigner par l'image de sa vision poétique de la société et de sa solidarité envers la classe ouvrière.A la mort de son père en 1936, il décida de privilégier ses recherches personnelles aux travaux de commande. Il acheta alors un Rolleiflex et partit "sur le terrain" : Les secousses politiques provoquées par le Front Populaire donnèrent à Ronis, alors membre du Parti Communiste, l'occasion de rendre compte des manifestations, meetings et grèves qui paralysaient le pays, mais aussi de moments plus joyeux, comme les bals populaires, les fêtes foraines ou les escapades à vélo des premiers congés payés.Le 14 juillet, le peuple était dans la rue, Ronis aussi, côtoyant ses amis Robert Capa, David Seymour et Henri Cartier-Bresson. Plusieurs agences virent alors le jour, dont Rapho, fondée par Charles Rado avec en son sein Ergy Landau et Brassaï, bientôt rejoints par Robert Doisneau et notre ami Willy en 1946, alors qu'il était déjà membre du groupe [Palermo,1994] desXV. "Regards", l'hebdomadaire communiste de l'époque l'envoya photographier en 1938 les ouvriers en grève de l'usine Citroën-Javel. L'un des clichés qu'il rapporta de ce reportage ne fut tirée que 40 ans plus tard, la sous-exposition du négatif ne pouvant être corrigée avec les techniques de l'époque.On sent, au-delà du souci de transcrire le réel, un regard poétique et humaniste sur les êtres : foules bigarrées des marchés ou rondes d'enfants dans une cour de récréation. Willy Ronis continua ses pérégrinations, tant dans l'Hexagone qu'à l'étranger (Grèce, Italie, Yougoslavie, Albanie, Tunisie…), que ce soit pour des magazines ou dans un but touristique, parfois même les deux.Quand la seconde guerre mondiale éclata, il se réfugia en zone libre et dirigea une troupe de théâtre ambulante, fut aide-décorateur pour le cinéma, assistant-portraitiste en studio, enseignant polyvalent dans une école de formation textile… Paris libéré, il reprit ses activités de photo journaliste et couvrit pour la SNCF le retour des prisonniers de guerre. Il travailla également pour l'industrie, la publicité, la mode, tout en continuant à déclencher au hasard des ses rencontres dans les rues de la capitale : Saint-Germain-des-Prés, Belleville, Ménilmontant, les cafés de Montmartre, les guinguettes, Ronis nous les restitue avec leur charme d'antan.En 1950, il participe au congrès de la Paix à Varsovie et au Festival de Cannes de 1952. C'est qu'il aimait élargir sa vision du monde : "J'ai la passion de ramener de ma chasse aux images quelque chose qui me comble". Il commença à donner des cours de photographie dans des établissements aussi prestigieux que l'IDHEC, Estienne ou Vaugirard.Dans les années 60, Willy ressent le besoin de mener une vie différente et il décide avec sa femme Marie Anne d'acquérir une maison de campagne en Provence. En 1972, il quitte donc Paris pour le Midi, plus précisément dans le Vaucluse et continue à enseigner à Avignon,[greve de operárioscarpinteiros,1950]Aix-en-Provence et Marseille.Se sentant fatigué ces dernières années ("J'ai sous les doigts 70 ans de déclics"), et ne pouvant plus se déplacer avec autant d'agilité, son activité se concentre désormais essentiellement sur la préparation de conférences, sur la photographie de portraits et de nus, un aspect moins connu de son talent, mais tout aussi révélateur de son regard doux et réservé sur les femmes.Souvenons-nous du "Nu couché", de la "Villa Medicis" et surtout d'une photo qui allait faire le tour du monde le "Nu provençal", qui représentait son épouse Marie -Anne 3 ans après leur mariage et qui mourut dans la douleur en 1991.Ronis répond actuellement avec infiniment de gentillesse aux nombreuses sollicitations qui lui sont faites, prépare de nouvelles expositions internationales, mais sûr qu'il continue à user de la patience du chat dès que l'insolite interpelle son regard, afin que les instants éphémères se muent en éternité…En 2001, il parraina les Transphotographiques (2) de Lille et participa à l'opération "Pour la liberté de la Presse" organisée par Reporters sans Frontières : pas moins de 80 photos commentées par l'auteur. Le travail de Willy Ronis est imprégné de Bruegel et des peintres flamands du XVIIème, dont il contemplait adolescent les toiles au musée du Louvre. N'a t'il pas déclaré un jour : "Ce ne sont pas les photographes qui m'ont apporté ma nourriture essentielle, ce sont les peintres. Il y a aussi l'architecture, romane surtout, parce que sa rigueur et sa clarté me conviennent".Ce serait sans compter avec l'harmonie de ses compositions, qui reflètent ses premiers émois pour la musique.Points de repere1937 : Premier reportage pour "Plaisir de France" 1947 : Prix Kodak 1953 : Exposition au musée d'Art moderne de New York 1957 : Médaille d'or à la Biennale de Venise 1979 : Grand prix national des Arts et des Lettres pour la Photographie 1980 : Invité d'honneur aux Rencontres Internationales d'Arles 1981 : Prix Nadar pour "Le fil du hasard" 1983 : Donation de ses archives à l'État, avec effet post-mortem 1985 : Rétrospective officielle au Palais de Tokyo, Nommé Commandeur dans l'ordre des Arts et des Lettres 1989 : Nommé Chevalier de la Légion d'Honneur 1993 : Nommé Membre de la Royal Photographic Society of Great Britain 1998 : Docteur Honoris Causa de l'Université de Warwick2001 : Nommé commandeur de l'Ordre national du Mérite. Os amorosos da Bastilha, 1957

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